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18 août 2017 5 18 /08 /août /2017 17:56

 

Un roman magnifique, une période désolante, une lecture qui prend aux tripes.

La guerre est toujours sale, celle de 14/18 a été répugnante.

Un ruban de désolation, d'abomination, de détermination, de trahison, de perdition et d'abandon va stagner pendant quatre longues années le long de nos frontières. Les soldats qui sont partis la fleur au fusil en pensant qu'ils seraient de retour quand elle aurait fané, ce sont retrouvés englués dans une boue sale de terre flétrie gorgée de sang, de pleurs, de peurs et de sueur.

Affamés, crevant de froid, ces jeunes gens sont morts par milliers, par dizaines de milliers, oubliés des quelques « grands hommes » preneurs de décision. Ils sont morts pour rien, Français, Belges, Allemands, Anglais, Américains,… ; ils sont morts pour la folie de quelques-uns. Ils sont morts pour la France, pour la patrie, pour la liberté et parfois pour l'exemple, tués non par des mains ennemies mais par celles des leurs, pour éviter l'épidémie… Épidémie de désertion, épidémie d'auto-mutilation, épidémie de folie douce,… Et ceux qui en ont réchappés, s'ils ont survécu au gaz moutarde et à l'épidémie de grippe espagnole, ont passé le reste de leur pauvre vie à se demander pourquoi une telle folie !

 

« J'attendrai, tant qu'il le faudra, que cette guerre, dans toutes les têtes, soit ce qu'elle a toujours été, la plus immonde, la plus cruelle, la plus inutile de toutes les conneries, que les drapeaux ne se dressent plus, en novembre, devant les monuments aux morts, que les pauvres couillons du front cessent de se rassembler, avec leurs putains de bérets sur la tête, un bras en moins ou une jambe, pour fêter quoi ? »

 

Oui, pour fêter quoi, une victoire d'enlisement, une défaite préparatoire, car oui, il faut le dire, ce ruban gluant, puant, immonde et mortel, on le retrouve après juste trois jours, au début de la guerre 40-45…

Et quand je pense qu'il y en a qui imaginent qu'une bonne petite guerre serait la solution à tous nos problèmes, plus de chômage, plus d'immigration, une économie qui repart,…, je les vomis et j'ai honte pour eux qui finalement n'ont connu que la belle vie, la vie facile…

Un roman magnifique, un amour sans faille, une lecture qui mouille les yeux.

 

« Lui, Ange, le pauvre barbot de Marseille, l'enfant perdu de la rue Loubon, même s'il était le plus taré des Peu-Ceu-Deu-Feus, il voyait bien qu'aucune offensive ne rimait à quoi ce soit, sinon avec contre offensive, histoire de saler la note, et il s'était enfin rendu à l'évidence, comme n'importe qui avant lui, que cette guerre ne finirait jamais, simplement parce que personne n'était plus capable de battre personne, sauf à jeter armes et canons à la première venue des décharges publiques pour régler ça au cure-dents. »

 

« On avait sûrement mieux à faire dans cette tranchée, les 6 et 7 janvier 1917, que de balancer des condamnés à mort par-dessus le parapet pour économiser des cartouches. »

 

« Cette guerre ne finira plus, les Allemands se font crever, les nôtres aussi. Il faut avoir vu les Anglais se battre pour comprendre ce que c'est, le courage. Leur courage ne suffit pas, et le nôtre non plus, et celui des Boches non plus. Nous sommes enterrés dans la boue. Cela ne finira jamais. »

 

« Il reposait près d'un mur d'enceinte, profitant de l'ombre, sans fleurs ni couronne, mort pour la même raison, l'obscénité d'une guerre qui n'en avait pas, sinon l'égoïsme, l'hypocrisie, et la vanité de quelques-uns. »

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