Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
18 août 2017 5 18 /08 /août /2017 16:13

 

Un roman magnifique, une plume colorée et bien documentée, des personnages historiques, cruels et fabuleux, une période de l'histoire riche en rebondissements et surtout, une situation géographique plutôt exotique.

En effet, l'Histoire se vit ici par les yeux de trois sultans successifs de l'empire Ottoman de la fin du XVIIIème siècle au début du XIXème. On y aborde sa décadence, ses défaites, ses conflits politiques internationaux et surtout internes et finalement, sa reconversion difficile en un pays plus moderne.

On découvre un monde raffiné et barbare à la fois où la soif du pouvoir mène jusqu'à la trahison, jusqu'à la mort.

On s'émerveille aussi de ce microcosme fabuleux et cruel qu'est le harem. Une ville prison dans le palais, une hiérarchie presque militaire, une bataille de tous les jours où parfois le gagnant est le poison, un domaine où l'amour a peu de place et où le pouvoir peut tout. Un dépaysement complet dans un milieu très caché, très discret où les plus immenses richesses côtoient les plus grandes solitudes.

 

« Euphémia David, la diablesse ! Au commencement de tout, elle connaissait déjà la fin dernière et sa langue endiablée, plus longue que l'avenir, savait mieux qu'aucune autre épeler la dictée du Destin. »

 

« Les obstacles étaient légions. Il y avait les Janissaires, l'élite si férocement conservatrice de l'armée, trop jalouse de ses privilèges pour ne pas s'opposer aux réformes par tous les moyens, surtout les pires. Il y avait les oulemas, les religieux, obtus et intransigeants, accrochés à un fanatisme qui servait leur suprématie. Il y avait les notables de province, hostiles à tout changement de peur d'y perdre leurs intérêts et de voir mettre fin à leurs exactions. Il y avait les partis de la Cour, occupés à s'entre-déchirer à coup d'intrigues pour obtenir le pouvoir. »

 

« Les ardents révolutionnaires d'hier, aujourd'hui empanachés, bourgeonnant de titres récents et de décorations, paradaient avec les aristocrates d'avant-hier qu'ils avaient voulu guillotiner et les prélats qu'ils avaient voulu étriper. »

 

« Tant d'hommes veulent le pouvoir, tant d'hommes tuent et s'entre-tuent pour l'obtenir. Si seulement ils savaient ce que crée le pouvoir, cette responsabilité, ce fardeau de tous les instants. »

 

Le seul bémol pour moi est l'identité, voulue par l'auteur, du personnage principal, à savoir la sultane validé Nakshidil. L'auteur considère qu'il s'agit d'Aimée Dubuc de Riverie, cousine de Joséphine de Beauharnais, future épouse de Napoléon. Il en fait un personnage où l'amour est le principal ressort. Ainsi, la découverte de l'amour avec le sultan vieillissant Abdoul Hamid Ier, l'amour fou, passionné et exclusif pour le sultan Sélim et finalement l'amour maternel inconditionnel pour le sultan Mahmout II. Une belle histoire, un beau mythe aussi…

Après quelques recherches sur internet, j'ai découvert les « Lettres du Bosphore » écrites par la Comtesse de la Ferté-Meun durant son séjour oriental et publiées à Paris en 1820. Cette femme d'ambassadeur était présente en 1817 à Constantinople et a assisté à l'enterrement de la sultane Validé Nakshidil et voici ce qu'elle en dit :

« On dit que la sultane défunte était Française, d'origine américaine, et qu'elle était née à Nantes : on ajoute qu'à peine âgée de deux ans, ses parents s'embarquèrent avec elle pour l'Amérique, et qu'ils furent pris par un corsaire, qui les conduisit à Alger, où ils périrent. La petite fille fut achetée par un marchand d'esclaves, qui jugea, par sa beauté dans un âge si tendre, qu'elle pourrait un jour le dédommager amplement des soins qu'il lui prodiguerait... »

Voilà qui est bien embêtant pour l'hypothèse d'Aimée Dubuc qui a encore été vue à Paris, âgée de 15 ans, lors de sa présentation à la Reine Marie-Antoinette peu de temps avant la révolution française…

Partager cet article
Repost0

commentaires