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22 mars 2023 3 22 /03 /mars /2023 16:40

 

Une belle découverte.

 

Voici une biographie légèrement romancée qui m’a ouvert les yeux sur l’islam du Xème siècle, islam qui n’a plus aucun rapport avec l’image qu’il présente aujourd’hui.

 

Le califat de Cordoue sera pendant plus d’un siècle un lieu d’ouverture et surtout de diffusion des connaissances du monde connu grâce à son école de copistes et de grands sages et surtout à sa bibliothèque comparable à celle d’Alexandrie. Un endroit où il faisait bon vivre pour les hommes comme pour les femmes car l’enseignement y été dispensé non seulement pour l’élite mais aussi aux enfants du peuple. Une ville qui disposait des dernières nouveautés techniques et qui accueillait les membres des autres communautés religieuses ouvertement et sans répression. Une capitale où la richesse et la diversité des produits disponibles sur les marchés faisaient la renommée de ses artisans et commerçants. Un grand territoire musulman en plein occident chrétien où malgré quelques heurts politiquement inéluctables, on vivait bien et surtout en paix et où la femme musulmane était bien plus libre qu’aujourd’hui.

 

Si le fond est très riche, la forme pèche parfois par trop de répétitions et des passages que j’ai trouvé trop rapides comme si l’auteur n’arrivait pas à combler complètement les vides de la vie de Lubna, la copiste, poétesse et bibliothécaire de Cordoue. Bon, à sa décharge, il faut dire qu’en ce qui la concerne, les sources sont assez pauvres.

 

« Le maître de Bagdad al-Kindi a établi deux voies pour arriver à la vérité : l’une par la raison et l’autre par la foi. La première est celle que j’ai choisie et je n’ai jamais dévié de cette voie. Je ne suis pas une mécréante, je crois en Allah, mais je suis aussi convaincue que l’étude de la nature et de la philosophie, en nous permettant de connaître comment le monde fonctionne, nous en apprend plus sur Dieu que tous les sophismes religieux. »

 

Une lecture instructive où certains passages poétiques sont particulièrement émouvants.

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16 décembre 2021 4 16 /12 /décembre /2021 15:57

 

Pas mal du tout !

 

Lettice Knollys, petite cousine de la reine Elisabeth, jeune fille ravissante deviendra dès sa présentation à la Reine une de ses demoiselles d’honneur. Elle sera dans un premier temps éblouie par celle-ci et très vite, dés qu’elle l’a vu en fait, subjuguée par Robert Dudley, les yeux de la reine, son unique amour, l’homme qui aurait pu être roi… Et voilà le trio en place même si au début les cartes sont dispersées. Robert est marié, la Reine semble frivole et pourtant reste sérieuse et Lettice va se croire amoureuse pour un court temps de l’homme ennuyeux qui lui donnera quatre enfants. Entre veuvages, suspicions de meurtres, mariages secrets, les trois protagonistes vont valser une danse pas si heureuse que cela…

 

Trois mariages, trois amours, certains plus futiles que d’autres, des morts, beaucoup et voilà Lettice seule survivante et seule témoin d’un amour hors norme celui de la reine Elisabeth pour son ami d’enfance Robert Dudley. Une reine vierge peut-être mais pas frigide, une reine consciente de son pouvoir et qui ne voulait pas le partager au risque de ruiner sa vie de femme, une reine jalouse qui n’a jamais accepté le bonheur fragile et finalement fugace de sa cousine Lettice.

 

« Calais avait été la dernière forteresse anglaise sur le continent et, en aucun cas, les Français ne permettraient aux Anglais de reprendre pied sur leur sol. »

 

Une biographie qui se lit comme un roman, j’en redemande. Ça se lit bien et c’est instructif même si dans ce cas particulier je n’ai pas appris beaucoup de détails nouveaux vu les nombreux romans que j’ai déjà lu sur ce triangle amoureux le plus discuté de l’Histoire.

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14 avril 2020 2 14 /04 /avril /2020 17:22

 

D'abord un tout grand merci aux éditions Temporis pour cet ouvrage reçu dans le cadre d'une masse critique.

 

Ce n'est pas un roman et l'auteur est loin d'être un romancier. Même si les faits sont vrais, la façon de les mettre en pages ne m'a pas vraiment convaincue. Trop de répétitions, trop de conjonctures et trop peu d'analyses factuelles. Et c'est clairement l'analyse qui m'avait attirée dans le choix de ce livre.

 

Déjà, la première moitié du récit consacrée d'une part à une généalogie loin d'être convaincante vu que l'auteur lui même ne semble pas être convaincu et d'autre part à une histoire bien connue à savoir Washington et l'indépendance des États-Unis. On se sent un peu perplexe et un peu perdu car finalement le personnage principal de ce récit est Hamilton et non Washington même si ça rime. Quelques anecdotes sur Hamilton et beaucoup de faits concernant Washington, ça ne fait pas le compte.

 

Et puis, page 125 on croit que cela arrive, une analyse et un parallèle avec la construction de l'Europe et puis tout repart en de nouvelles redites, de nouvelles coquilles car il y en a beaucoup et de nombreuses digressions romanesques. Digressions qui ont finalement un rôle à jouer car elles seront un de thèmes favoris des américains lors des différentes élections présidentielles après celles de Georges Washington et c'est d'un triste...

 

« Le système britannique était devenu si insupportable que Washington décida de modifier la nature de ses productions pour devenir moins dépendant de Londres et privilégier le commerce de proximité. »

 

« Pour Hamilton, il est clair qu'une économie florissante suppose la diversité des productions et une moindre dépendance vis-à-vis des approvisionnements extérieurs, une monnaie forte et respectée qui simplifie les transactions et élimine les risques de change, un système fiscal transparent et régulier et enfin une maîtrise des océans qui garantit la sécurité en mer pour les vaisseaux de commerce. »

 

« Les antipathies mutuelles et les intérêts contradictoires des Américains, la différence de leurs gouvernements, de leurs habitudes et de leurs manières montrent qu'ils n'auront pas de centre d'union, ni d'intérêt commun. Ils ne s'uniront jamais en un empire compact sous quelque espèce de gouvernement que ce soit. »

 

« Mais il a mesuré la précarité des choses et la difficulté qu'il y a à concrétiser des idées auxquelles on croit alors que le personnel politique ne raisonne qu'en terme de tactique pour conquérir le pourvoir et éliminer le concurrent. »

 

Une lecture pas inintéressante mais qui méritait à mon avis un meilleur développement et surtout une relecture avant publication ! Néanmoins, j'ai quand même appris que le système électoral américain date de l'indépendance et que depuis rien n'a vraiment changé ; j'ai découvert un personnage, pour moi totalement inconnu, qui avait une vision sur l'avenir de l'Amérique et qui a tout fait pour la réaliser malgré l'égoïsme et la soif de pouvoir de ses collègues ; enfin, j'ai compris la source des bases de la création de l'Europe, le fédéralisme à l'américaine mais bien sûr, ça ne marche pas encore totalement :-p

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17 avril 2018 2 17 /04 /avril /2018 15:41

 

Wouah, les biographies, c'est clairement pas ma tasse de thé, mais là, chapeau !

Sur les pas de Daphné du Maurier sous la plume de Tatiana de Rosnay, une aventure magnifique qui se lit comme un roman.

Difficile du coup d'écrire une critique qui a du sens et qui montre aux lecteurs l'émotion qui jaillit à chaque page.

L'auteure, de sa plume poétique et vivante, nous fait réellement vivre la vie de Daphné du Maurier. De sa petite enfance à sa mort, on ne s'ennuie pas tant les références sont nombreuses sur cette Grande Dame de la littérature anglaise qui ne laisse personne indifférent.

Que de recherches, que de voyages, pour retrouver les recherches et les voyages qui ont tellement nourri l'auteure de Rebecca. Quelle empathie envoûtante que celle qui plonge sa plume déjà bien reconnue dans celle d'une autre toute aussi honorée.

Et voir se déclencher sous nos yeux l'amorce d'un roman, le tilt de départ d'une nouvelle aventure, c'est plonger dans le quotidien d'une femme, enfant gâtée, enfant géniale, jeune femme libérée, épouse aimante et néanmoins volage, mère plutôt indifférente, grand-mère attendrie qui vit dans un monde particulier où l'imaginaire garde la place belle face à une réalité parfois effrayante.

L'angoisse de l'absence d'idées, la folle recherche d'indices, l'esprit toujours ouvert au déclic possible, c'est le quotidien d'une auteure qui déborde d'émotions et d'images.

L'écriture est une maîtresse exigeante, qui puise dans les souvenirs, dans les rencontres et dans le cas de Daphné, dans les maisons qui l'enchantent et lui ouvrent un monde magique, décalé, sombre et rempli de beauté.

 

« La magie des livres est une drogue, un sortilège, une échappatoire, aussi puissante, aussi envoûtante que le Pays Imaginaire de Peter Pan. Pendant que ses sœurs mènent leur vie (thés dansants pour Angela, tennis et cricket pour Jeanne), que Muriel règne sur Cannon hall en maîtresse de maison exemplaire, que Gerald fait palpiter ses admirateurs sur les planches, Daphné lit. »

 

« Écrire, « Rêver-vrai ». S'échapper dans son monde à elle, son propre Pays Imaginaire. Peter Pan lui tend la main. Kiki l'encourage. Un crayon. Le silence. La table de sa chambre, au deuxième étage. La vue sur le Heath. La porte fermée. Commencer par la date. »

 

« Dans ce roman futuriste aux accents alarmistes, Daphné force le trait, campe une Angleterre qui n'a jamais su s'intégrer à l'Europe, les prix explosent, le gouvernement est à ce point incompétent qu'il doit s'allier aux États-Unis pour former un nouveau pays, l' »USUK », dont l'allitération phonétique ne laisse aucun doute, you suck en anglais signifiant : « Tu es nul à chier. » »

 

« Impossible d'emprisonner un rêveur, il sait franchir les murs, déverrouiller les portes, chasser le poids des années. Le rêveur a tous les droits, le rêveur est livre, Kiki le lui avait soufflé. »

 

J'ai adoré, un vrai coup de cœur !

Maintenant que je connais la genèse de tous ses livres, j'ai juste envie de me plonger dedans.

Et bien sûr, je vais commencer par Rebecca, pas la vieille édition qui manifestement a été amputée d'une quarantaine de pages par la traductrice française de l'époque, la toute nouvelle qui est sortie il n'y a pas longtemps ;-)

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15 juin 2017 4 15 /06 /juin /2017 17:49

 

Cinquante micro biographies, cinquante vies qui touchent à Napoléon de près ou de loin, cinquante personnages connus ou moins connus qui se retrouvent unis pour l'éternité au Père-Lachaise.

C'est d'une plume légère et rythmée que l'auteur lève un voile, souvent humoristique et toujours bien documenté, sur les secrets, les ombres et les mystères qui se cachent sous les pierres tombales de ce si prestigieux cimetière de Paris. Et pour chacune, pour notre plus grand plaisir, un crayonné simple et émouvant nous met en présence du monument, imposant parfois, lapidaire comme de juste, souvent mal entretenu et dégradé et toujours fascinant pour le coup.

Cinquante existences, réparties en cinq promenades au cours desquelles l'Empire se révèle de batailles en tragédies, de découvertes mathématiques aux exploits du chocolat, des grandeurs scientifiques aux éclats colorés des peintres, des envolées théâtrales aux traits mesurés des architectes.

Une superbe lecture qui m'a juste donnée l'envie furieuse d'aller faire un tour dans ce jardin si particulier qu'est le Père-Lachaise.

 

« Personne ne s'informe si les portraits des grands hommes sont ressemblants. Il suffit que leur génie y vive. »

 

« Parfois, ce n'est pas l'ornement d'une sépulture qui en fait la singularité, mais les quelques mots qui y sont gravés. Épitaphes de marbre pour défier l'oubli et immortaliser la mémoire du défunt ou l'acte de bravoure qui lui assure une place à la postérité. »

 

Une petite attention sur le format de ce beau livre, un poche tout simplement ! Pas d'excuses pour l'oublier avant la visite du cimetière.

Un minuscule bémol qui n’entache en rien la qualité du livre, erreur de date à la page 56 (1766 – 1847 et non 1782), erreur de calcul à la page 98 (1778 – 1819, ça fait 41 ans et non 47), erreur de relecture certainement ;-)

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12 février 2017 7 12 /02 /février /2017 16:53

 

Un destin brisé, une énigme de l'Histoire ou juste un homme différent…

 

« Louis II est un Wittelsbach. Il sera marqué par l'hérédité des Wittelsbach. Il sera l'incarnation de leur destin. »

 

Pauvre Louis, Prince solitaire, sevré très jeune de l'amour sans faille de sa nounou, éduqué à la dure par un militaire volontaire et fidèle mais qui manque clairement de pédagogie, enfermé dans son rôle d'héritier où la chaleur d'une famille aimante n'a aucune place ; enfant malheureux qui trouvera une échappatoire dans ses rêves de chevalerie.

Pauvre Louis, Roi bien trop jeune, à l'aube de ses vingt ans, qui se réveillera au son de l'Opéra et quel opéra, celui de Wagner. Et l'amour jaillira de ce cœur trop tendre, trop romantique pour cette musique qu'il semble le seul à comprendre et dans lequel le compositeur trouvera comme une âme sœur qui l'accompagnera d'une manière indéfectible jusqu'à la fin.

Et le temps passe pour ce jeune Roi, si grand, si beau, au regard toujours tourné vers le ciel, aux aspirations toujours portées vers l'absolue beauté.

Le temps passe dans un monde irréel, créé hors du temps pour ce roi rêveur et le temps passe aussi dans le monde réel où le roi doit s'investir pour son peuple, pour son royaume. Et c'est bien là le grand paradoxe, malgré ses absences, malgré ses fuites toujours renouvelées, Louis aura toujours à cœur de garder l'indépendance de sa chère Bavière mais aussi l'union fédérée de la grande Allemagne. Union qu'il aurait voulu construite sur l'Art allemand, union qui sera finalement réalisée militairement par Bismarck…

Et ce temps qui passe est source de douleurs aussi : le petit frère du roi sombre dans la démence, Wagner trompe l'amour pur du souverain avec ses nombreuses muses, la politique le presse et le contraint lui qui n'aspire qu'à la liberté et la pureté de l'air qu'il ne trouve que dans ses chers alpages, son homosexualité enfin qu'il ne peut accepter et qu'il combat de toute ses forces le trouble profondément et le mine.

Et, bien que toujours jeune, le Roi s'isole de plus en plus, il ne peut plus supporter la laideur du monde, la musique ne lui suffit plus, il s'investit dans l'architecture. Et, là encore, tout sera dans l’extravagance, trois châteaux, trois rêves : le premier rend hommage au monde de la chevalerie ; le second, un hymne aux Bourbons et le troisième, une réplique de Versailles en l'honneur de Louis XIV. Mais tout cela coûte cher, très cher. Déjà, la population n'a pas oublié la montagne d'argent « gaspillé » pour le cher Wagner et maintenant, ce nouveau délire dispendieux ! Le gouvernement ne va pas se laisser faire et, avec l'aide de quelques domestiques véreux, le roi Louis II de Bavière va être déclaré fou et inapte à gouverner. Plus qu'un complot, c'est une trahison et le peuple l'a bien compris qui a encore essayé de protéger son roi, différent mais pas fou. Mais la ruse l'a emporté sur la fidélité, l'aigle des Alpes ivre de liberté s'est finalement suicidé pour devenir une légende.

 

« Louis II est mort dans un décor romantique où l'eau peut être aussi lisse que l'était la peau du visage de ce jeune monarque ou agitée par une brusque tempête, comme l'était le cerveau de cet homme en proie aux tourments les plus insensés. »

 

Une plume superbe réunit les documents d'archives (lettres, journal intime, rapports médicaux, plans, extraits de presse,…) et nous offre un documentaire qui retrace la vie de Louis II de Bavière qui se lit comme un roman. On peut alors se faire sa propre opinion sur la folie de ce roi qui n'aurait jamais dû être roi. Etait-il dément comme son frère ou juste différent, extravaguant ? En avance sur son temps pour certaines choses comme l'intégration dans ses châteaux des nouveautés technologiques de la fin du XIXème siècle, de la réalisation réelle de simples élucubrations littéraires comme la table qui se dessert toute seule... Ou alors, perdu dans un siècle où le romantisme n'a plus la cote, où seule compte la réalité… Fou pour les médecins à la solde du pouvoir et qui ne l'ont même pas examiné ; homme bienveillant et lucide pour les paysans qui le côtoyaient tous les jours… Une énigme dont l'origine se trouve peut-être aussi dans son ascendance faite de multiples mariages consanguins et dont l'étrangeté se retrouve dans sa seule vraie amie, sa cousine germaine, sa sœur, Sissi, impératrice d'Autriche.

 

« Lointaine, rêveuse, imprévisible, inconséquente, Sissi ressemble à Louis II comme une sœur, mais avec plus de mesure.

Le sang des Wittelsbach ne coule pas dans leurs veines avec le même bouillonnement. Chez Sissi, l'hérédité se fait plus discrète, presque pudique. Chez le roi de Bavière, elle est spectaculaire, hallucinante. Chez elle, le déséquilibre est voilé, chez lui il est effrayant. »

 

 

« Et son amour des fleurs est peut-être sa première passion. Il les aimera au point d'en dessiner un bouquet sur chacune des lettres qu'il écrira plus tard. »

 

« Tout est si paisible ici, ce silence si stimulant, alors que dans le bruit du monde, je suis si malheureux ! »

 

Une histoire magnifique, un destin tragique, une légende vivante dont les réalisations sont toujours bien présentes dans ce magnifique « royaume » de Bavière.

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