Reçu dans le cadre de la dernière Masse Critique, ce livre me replonge dans une de mes passions, la cuisine et son histoire au fil du temps. Ici, l'auteur se restreint à l'histoire du restaurant en France ou plutôt, à l'émergence des restaurants en France et à Paris particulièrement.
Le restaurant existe déjà à Londres tandis que Paris se contente d'auberges, de traiteurs, de rôtisseurs, de pâtisseries. Le premier à entamer le chemin vers le restaurant est Antoine Beauvillers qui sent venir le vent du changement. Un peu avant la révolution, il ouvre son premier établissement sur le modèle anglais et va, de ce fait, à l'encontre des différentes chartes de métier en vigueur pendant l'ancien régime. Et son idée plaît et la révolution est aux portes ; les nobles s'en vont ou se font couper la tête, reste alors sur le tapis les cuisiniers des hôtels particuliers, leur savoir-faire et leur batterie de cuisine !
Et c'est parti, la nouvelle bourgeoisie, riche de l'extorsion des biens de l'ancienne, va profiter de ses avoirs mal-acquis en faisant la renommée et la richesse, il faut le dire, de ces nouveaux chefs qui créent eux-mêmes leurs établissements aux endroits les plus en vue de Paris. Et ces endroits évoluent au grès du temps et surtout de la mode, et la clientèle choisi ses propres établissements en fonction de ses affinités. Les écrivains se retrouveront à tel endroit tandis que les politiciens dans tel autre, et alors, autour d'un menu pantagruélique au prix astronomique parfois, ils discuteront de la restauration de cette France bien amochée tout en buvant allègrement le vin venu des caves des palais et châteaux dévalisés.
La restauration a pris son envol et la gastronomie suit et l'on trouve alors des journalistes du goût et les premiers guides gastronomiques. Ce n'est pas tout, des écrivains gastronomes vont travailler à l'élaboration de la physiologie du goût et de la méthode du bien manger en société choisie. Les chefs eux-mêmes vont s'y mettre et voilà les vrais premiers livres de cuisine édités pour le bonheur de tous.
Drôle quand même d'imaginer que cette révolution culinaire à pris son essor à la révolution française et que la terreur à vu la gastronomie naître. Une gastronomie bien française qui sera dès lors reconnue dans le monde entier !
« Sur le boulevard, la profusion culinaire règne. On peut tout, ou presque tout, y manger, à des prix fort différents mais élevés de préférence, puisqu'on y paye une place privilégiée – tout simplement au centre du monde. »
« Les aliments, s'ils sont de qualité et bien préparés – cette reconnaissance est précisément l'objet du jugement gastronomique - , produisent une substance vitale par laquelle l'homme survit et se développe dans l'histoire. »
« D'une élite à l'autre, mais un commun plaisir de manger : le restaurant permet de transférer dans la sphère bourgeoise le rite culinaire de l'hôtel particulier aristocratique. »
Un livre passionnant pour qui s'intéresse au monde de la cuisine ; ainsi, chaque chapitre se termine par quelques recettes bien choisies des chefs mentionnés dans ces derniers.
Un document assez barbant à lire vu les nombreuses énumérations et répétitions qui ruinent le style et nuisent à la teneur du texte et donc à l'analyse de l'auteur.
Une étude amusante qui m'a fait à nouveau feuilleter les nombreux anciens ouvrages de cuisine que j'ai à la maison et notamment ceux cités dans ce beau livre.
Lire une recette de cuisine dans un vieux recueil est pour moi un régal, j'aime les vieilles tournures et les anciennes manières.
Et voir une même recette évoluer de chefs en chefs au fil du temps est une magnifique mise en bouche d'où l'on sort juste affamé ;-)