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17 novembre 2017 5 17 /11 /novembre /2017 05:57

 

Un livre bien écrit, une plume riche, truffée d'imaginaire, criante de folie parfois, toujours interpellante dans sa vision de l'horreur ou sa grande tendresse.

Un recueil de nouvelles, unies dans un même fil, c'est beau, c'est fluide, c'est génial pour qui n'aime pas vraiment les nouvelles.

Un récit de contes noirs à souhait, le Diable nous frôle à chaque page, d'un souffle, d'un doigt. Et pourtant, on en redemande, car le Diable a parfois de ces bontés qui nous laissent pantois.

Et on apprend que c'est le prolongement moderne d'un manuscrit ancien du XIVème siècle, inachevé pour cause de mort de l'auteur Geoffrey Chaucer. Une suite sombre, effrayante, tellement humaine finalement que le tout semble naturel dans son étrangeté bien glauque.

 

« Cher étranger, on franchit plus allègrement et bien plus rapidement les siècles et les millénaires que les lieues en songeant à Dieu, qui fit l'espace et non le temps, et il y a plus loin de Southwark à Canterbury que de l'an mille à l'époque où se situe la vie actuelle. »

 

« Heureusement, aux créatures idéalement plates les peines et les souffrances des êtres à trois dimensions sont épargnées, et je n'éprouvai ni goûts de révolte ni désirs de vengeance. »

 

« Le rose n'est pas une couleur, c'est le bâtard du rouge triomphant et de la lumière coupable ; né d'un inceste où l'enfer comme le ciel ont joué un rôle, il est resté la teinte de la honte. »

 

« La quête fut belle malgré le peu de monde ; la pauvre petite loque humaine où palpitait la divine étincelle de la vie apportait un grand frisson de douceur parmi ces cœurs trempés à la peine des jours. »

 

« La lumière s'était soudain figée… et sur l'écran azuré de l'Infini se profilait, immense, radieuse, taillée dans le flanc ardent de mille soleils… une bouteille de whisky ! »

 

« Un bout de biscuit de mer dur comme pierre, un petit morceau de lard rance, un litron de soupe et un pot de lavasse baptisée thé ou café, au caprice du cuisinier, étaient dévolus comme ration quotidienne. Deux fois par semaine une écuelle de pois chiches, de riz éventé ou de lentilles rouges parsemées de cadavres de cancrelats, corsait cet horrible menu. »

 

L'auteur, belge, il faut le dire, manipule la langue de Molière en lui donnant des accents de celle de Shakespeare et c'est d'un charme fou même si les sujets abordés sont des plus terrifiants. J'ai adoré !

Mercie à Babelio et Masse Critique pour cet ouvrage superbe par le fond, la forme et l'objet.

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28 juin 2017 3 28 /06 /juin /2017 10:46

 

Six ados, six nouvelles, un seul mot : Bravo !

Six nouvelles, six styles, de la fantaisie-fiction à l'aventure en passant par le thriller, de la routine de la vie à l'omniprésence de la mort avec un détour chez les zombies, on retrouve ici presque tout le panel littéraire classique.

Quelle maturité, quelle sagesse aussi chez ces jeunes, ces très jeunes auteurs. Si parfois le style reste un peu simple, l'imaginaire est merveilleux, le réel est puissant, les personnages sont tous vrais dans leurs réactions et surtout leurs actions.

Une lecture découverte et surtout, un plaisir auquel je ne m'attendais pas.

Il est clair que je vais devenir une fan de ces nouvelles d'ados et que je vais aussi essayer de suivre l'évolution littéraire de ces auteurs en herbe.

Sans hésiter, un gros coup de cœur :-)

 

« Je ne crois pas qu'il ait trouvé l'âme sœur. Jamais il n'a été comblé. Pourrais-je lui faire comprendre que la personnalité, c'est la beauté intérieure ? Que l'on peut être tout aussi fasciné par l'esprit que par l'apparence ? J'aimerais bien. Je me dis que s'il avait autant de beauté d'âme que de corps, il frôlerait la perfection. »

 

« Tout le monde est important. Car tout le monde a la chance de vivre et chaque être humain a sa place sur cette terre. »

 

Les gens se jettent à la télé sur « The voice » pour découvrir le prochain chanteur à la mode alors que le monde devrait se pencher sur ces jeunes écrivains bourrés de talent…

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16 février 2017 4 16 /02 /février /2017 11:11

 

Souvenirs bruts sans fioritures, souvenirs tronqués par le prisme du temps, souvenirs floutés par les brumes alcooliques, souvenirs travaillés d'un poète.

Tranches de vie, un instant de pure joie, une journée particulière, une semaine de sexe, un mois d'abstinence, une veillée mortuaire, une nuit de cauchemar, un trimestre d'amour toujours, le temps qui passe inexorablement en laissant des traces plus ou moins visibles, comme des cicatrices de vie.

Éclats d'humour, gestes d'humeur, éclats de rire, larmes futiles, tout y passe et se répète au cours de ces 43 nouvelles pleines de vie et de mort et qui passent sans complexe du passé au présent et du présent au passé. Pas de continuité donc, juste l'égrainage de sensations, d'odeurs, d'émotions qui se retrouvent et se recoupent parfois sans tenir compte du fil du temps.

Une plume riche, vivante qui transmet parfaitement les ressentis de l'auteure ; elle ne trace que des instants, vifs, horribles, odorants, joyeux, haineux. L'auteure parle avec ses tripes et chaque fois sur un événement particulier, petit ou grand, et son humour alors se déploie en même temps que ses joies et ses chagrins.

Pour le fond, l'auteure n'a finalement pas vraiment besoin d'imagination, sa vie, ses expériences multiples, métiers, maisons et amants, sont largement suffisantes pour nourrir ses écrits. Et c'est pour cela qu'ils touchent car ils sont au plus près de la vie, au plus près de ses vies.

Un peu triste de constater que ce recueil comporte quand même plusieurs nouvelles qui pourraient être à chaque fois des réécritures, avec plus de détails ou juste un temps d'avant ou un temps d'après en plus. Ainsi, pour moi, un choix plus serré aurait été plus puissant en émotions même si le vécu raconté reste le même.

 

« Le bruit des osselets était magique à mes oreilles, comme des baguettes sur un tambour ou bien la pluie, lorsqu'une bourrasque la fait chatoyer contre la vitre. »

 

« J'ai refusé d'aller identifier ton cadavre, Ter, causant bien du tracas. J'avais peur de te frapper à cause de ce que tu as fait. Mourir. »

 

« Voici ce que je sais au sujet de la Mort : plus la personne fut bonne, aimante, heureuse et bienveillante, moins sa mort laisse un vide. »

 

« Lorsque nous sommes devenues amies, à l'âge adulte, nous avons mis plusieurs années à évacuer nos ressentiments et jalousies. Ensuite, alors que nous étions toutes les deux en psychothérapie, il nous a fallu des années pour expulser notre colère contre notre grand-père, notre mère. Notre mère cruelle. Et encore d'autres années pour notre colère contre notre père, le saint, dont la cruauté n'était pas aussi flagrante. »

 

« Dieu accorde l'oubli aux ivrognes parce que s'ils savaient ce qu'ils font, ils en mourraient de honte. »

 

Le San Francisco Chronicle a dit de Lucia Berlin : « L'un de nos plus grands écrivains » et un autre magazine, américain toujours, l'avait qualifiée de « meilleur écrivain dont vous n’avez jamais entendu parler », un peu réducteur pour le monde littéraire américain quand même ;-)

Un grand merci en tout cas à Babelio et aux éditions Grasset pour cet ouvrage reçu dans le cadre de la dernière masse critique.

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23 janvier 2017 1 23 /01 /janvier /2017 16:15

Billie

Et les mots claquent, sautent, s'épanchent, pleurent, chantent et se heurtent à la vie, car ici pas de longueurs, pas de pauses, pas de digressions ni de philosophie sur la vie et l'amour, juste de l'émotion à l'état pur !

Et l'on rit et l'on pleure, car les mots nous donnent des frissons et les poils se hérissent de joie et de peine. Et quand le récit se termine, on se sent plus riche, plus fort pour affronter les jours qui défilent et qui nous apportent aussi notre lot de rire et de larmes, notre lot de vie.

 

« Ils avaient tout. Le pognon, la beauté, la santé, la jeunesse, un gentil papa, des sentiments l'un pour l'autre, tout… Et ils ont tout foutu en l'air, et tué quelqu'un au passage, par… par caprice… par égoïsme… pour le plaisir d'enfiler les moucherons et de blablater autour d'une fontaine en se donnant des petits coups d'éventail sur le nez. »

 

Mathilde

Et l'on reprend tout, et l'on recommence, les joies, les peines, les erreurs, les envies, le temps qui passe et la vie qui défile en apportant son lot de boulets, de frayeurs, de choix et de bonheurs.

Un peu brouillon, un peu cassé, comme ces jeunes à la recherche d'un espoir une fois à portée de main mais aujourd'hui presque disparu.

Un peu fouillis comme une ébauche d'un roman à venir où l'on retrouvera alors toute la gouaille de l'auteure dans le côté un peu dispersé de cette nouvelle.

 

« Elle admirait les étirements brumeux, la langueur canaille, l'indolence mi-close et déjà aguichante d'une ville que ses pauvres petits yeux explosés par la fatigue, l'alcool et la myxomatose des mélancoliques anonymes ne voyaient plus depuis longtemps et qui demeurait, on avait beau dire, belle comme le jour. »

 

Yann

Eh oui, « on peut rater sa vie par politesse », et c'est alors d'une tristesse…

Et pourtant un rien, un rencontre, une soirée hors du temps, un personnage pas possible, peut tout changer. Car la vie, c'est pas simple. On s'accroche, on espère, on croit que le chemin est bon alors que tout va de travers, qu'on a tout raté, par gentillesse, par politesse, par peur. Il suffit peut-être de retrouver sa route de vie...

Et si on ose alors, ben oui, tout est possible ;-)

 

« Oui, il faut que j'en bave, que j'aie froid, que j'aie faim et que je profite d'être enfin seul pour me coucher enfin mort. »

 

« Bien sûr, je ne trompais personne. C'était juste que j'étais entièrement décongelé à l'heure qu'il était et que, mon élasticité revenue, je rendais un peu d'eau, voilà tout. »

 

« Mon jeune ami… Bien sûr que je la connaissais. Les gens qu'on aime, on ne les rencontre pas, voyons, on les reconnaît. »

 

Conclusion

J'aime pas les nouvelles, c'est trop court, ça s'arrête trop vite, c'est trop poignant en si peu de temps.

Il y a trop de sentiments vomis, rabâchés, trop de personnages attachants, trop de situations réelles…

On s'y retrouve trop vite, jeunes ou encore vieux, dans nos enfants qui traversent les mêmes épreuves…

J'aime pas les nouvelles mais celles-ci sont tellement porteuses d'espoir que je ne peux que les aimer, car elles ouvrent une porte, elles montrent un chemin, elles éclairent une possibilité.

Et en plus, l'écriture est belle, moderne, pleine de peps même en cas de blues.

J'aime quand même pas les nouvelles, c'est toujours trop court ;-)

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22 juin 2014 7 22 /06 /juin /2014 09:48

Avec beaucoup de tendresse et d'humour, l'auteur dans ce recueil de nouvelles ou plutôt de petits contes, nous fait découvrir les règles et les croyances de la société juive polonaise du début du XXe siècle. Et voilà le démon qui bouleverse la vie d'un couple bien assorti et qui a fêté ses 50 ans de mariage ; un fossoyeur heureux qui ne peut plus vivre avec la peur d'avoir enterré un vivant et devient mendiant ; et encore, un naïf, abusé par tout un village...

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