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24 janvier 2020 5 24 /01 /janvier /2020 12:02

 

Quelle déception !

 

Je vais commencer ma critique par une petite digression : l'extraordinaire histoire du maillot de bain de May Dodd.

Notre héroïne, jeune fille riche et gâtée de Chicago, outre ses multiples attraits et une culture brillante, pratique divinement un sport devenu commun de nos jours à savoir la natation. Pour se faire, elle a bien évidemment un maillot de bain ! Maillot qu'elle n'oublie pas quand elle fugue de la maison de son père avec le contre-maître de ce dernier et qui restera tranquillement dans son sac de voyage car maintenir à flot une pauvre demeure avec deux enfants en bas-âge et l'obligation de travailler dans l'usine de volaille de son paternel en passant ses journées à plumer les volatils ne laisse aucun temps libre à la pauvrette. Qu'à cela ne tienne, quand les sbires de son papa après l'avoir retrouvée viennent la chercher pour l'enfermer à l'asile sous un fallacieux prétexte, le sac de voyage suit et donc aussi, le fameux maillot de bain. Pauvre vêtement qui, là encore, ne sortira guère prendre l'air car enfermée dans une pièce sans grâce ni lumière et bien sûr sans piscine, notre belle dame doit faire une croix sur sa passion sportive. Ne soyez pas tristes, la libération arrive avec ce drôle d'échange approuvé par le président des États-Unis de mille femmes blanches consentantes contre mille magnifiques montures et notre maillot en est, de la partie. Il sera brinquebalé de wagons en wagons, cahoté de chariots en chariots, pour finalement se poser dans un post militaire avancé où bien sûr, pas question d'imaginer faire mumuse dans un trou d'eau. N'empêche, il est toujours bien là et va bientôt recevoir la compagnie de quelques carnets, de crayons et d'une anthologie de Shakespeare, rien que cela ! La fin du voyage est proche, les promis sont là et les épouses désignées, à cheval mesdames et que cela saute, avec vos effets et vos souvenirs. Le village indien arrive vite, si vite, et pour survivre avec le sourire, allez, on adopte les coutumes indigènes avec diligence et tout baigne, c'est le cas de le dire. Les femmes font leurs ablutions le soir, à la rivière tandis que les guerriers profitent de l'étang le matin pour un réveil joyeux et vivifiant. Notre héroïne, devenue femme du chef de la tribu bien sûr, n'entend pas faire comme les autres et décide de se joindre au bain matinal des hommes. Revoilà enfin notre maillot de bain, bien caché d'abord par une belle robe de daim rapidement adoptée et puis largement mis en valeur quand du haut d'un rocher notre drôle de dame fait un magnifique plongeon digne des meilleurs performances d'Esther Williams sous le regard stupéfait des guerriers Cheyennes. C'est son heure de gloire, au maillot bien sûr, car il ne réapparaîtra plus et semble s'être perdu dans les vastes plaines de l'ouest américain sans qu'on ne sache jamais, oubli impardonnable de l'auteur, sa couleur :-p

 

Grâce à ce maillot de bain, May Dodd a pu enfin enseigner aux sauvages la seule façon civilisée de nager à savoir en pratiquant le crawl et la brasse et non ce ridicule mouvement appelé chez nous la nage indienne qui est en fait, l'ancêtre du crawl et qui permet de nager sur de longues distances vu le peu d'énergie qu'elle demande.

 

Mais là n'est pas le meilleur moment de ma lecture, attention panneau sarcasme en vue, notre héroïne, au vu de sa longue pratique sexuelle, va courageusement mettre ses connaissances au profit de son époux par trop rustre et sauvage et lui apprendre, je cite, la façon civilisée de faire l'amour !

 

Même dans mes plus mauvais livres 'rouges' je n'ai lu autant d'inepties, de clichés, d'incohérences, de mépris et de racisme primaire. Il n'y a pas de style, c'est juste plat comme la description d'un tableau, sans profondeur, sans analyse. Il n'y a pas d'humour ni de vrais émotions en fait car même l'horreur semble molle et juste constatée. Le rythme est marqué par les jours puisqu'il s'agit d'un journal et souvent les jours se ressemblent et donc, plein de répétitions, lassant. Les rebondissements sont sales, violents mais sans vie, je ne sais comment expliquer ce manque de réalisme qui fige les scènes au lieu de les nourrir de vie. L'ensemble ressemble à un kaléidoscope où plein de sujets intéressants, de faits historiques, de lieux sont juste mélangés au gré d'un tour de lunette sans le ravissement du tableau magique obtenu à la fin. Tout y passe de la pédophile des prêtres à la contraception, de l'abus d'autorité des pères aux mensonges des blancs, de la soi-disant civilisation bien pensante aux sauvages arriérés et cruels ; c'est juste un ramassis d'horreurs qui m'a finalement laissée de glace mais qui manifestement plaît !

 

 

« Et nous revoilà en marche… Nos chevaux partent en trottant retrouver la plaine, où le Peuple suit le vison, lequel suit l'herbe verte qui, elle, naît de la Terre. »

 

Si c'est cela un auteur passionné par la civilisation Cheyenne est bien, le résultat est assez misérable. Je crois surtout qu'il a été beaucoup trop influencé par la civilisation américaine. Pas envie de recommencer ce genre de lecture avec la suite de ce roman 'fleur bleue' aux allures de documentaire tronqué même si les trente dernières pages ont un fond et une qualité d'écriture bien meilleurs. Enfin, j'ai terminé cette lecture lente et ennuyeuse malgré mon envie de suivre les règles justifiée de Mr Pennac juste pour être certaine que le maillot de May Dodd n'avait pas d'autres propos à me livrer :-p

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