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7 octobre 2023 6 07 /10 /octobre /2023 17:50

 

Waouh !

 

Une saga familiale qui prend aux tripes et qui puise sa réalité dans la vie paysanne de la fin du XIXème, vie rude et violente qui ne pardonne pas à ceux qui réussissent.

 

Une écriture fluide au vocabulaire rustique de l’époque, des personnages authentiques tant dans leurs splendeurs, leurs rudesses, leurs bêtises ou leurs décadences, des situations familiales réalistes où la jalousie efface à grands coups de poing la bienveillance mal perçue, une époque foisonnante d’innovations qui vont changer le siècle, une saga qui aborde bien des sujets toujours d’actualité.

 

Une famille pauvre donc, quatre garçons qui ne sont là que pour faire tourner la ferme, unique gagne-pain ; il y a l’aîné, Charlemagne, le plus intelligent, le plus rude à la tâche, il y a Louis le plus jeune, le sauvage, le rêveur et puis il y a les deux autres, les incultes, les fainéants, les profiteurs, les trop sanguins. Et Charlemagne va porter la famille sur ses épaules et va construire un avenir radieux pour tous et va croire à un mariage d’amour et ne sera compris que par une poignée. C’est clairement mon personnage préféré qui se bat toujours pour avoir plus, pour ne plus souffrir d’un mal d’amour qui vient d’une enfance maltraitante où la tendresse est absente.

 

Un Zola moderne qui touche par la justesse de ses réflexions ; la bêtise des femmes de la petite bourgeoisie et la hargne des paysans face à ceux qui arrivent à sortir du lot, le racisme indécrottable de l’époque et l’incompréhension face à l’homosexualité, l’éducation délaissée des enfants et leur solitude…

 

« Dès son entrée dans la chambre d’Hortense, il comprit. Il fit néanmoins les examens d’usage, et diagnostiqua la maladie verte, constipation chronique devenue incroyablement fréquente, et provoquée chez les femmes par la crainte de péter en public. »

 

« Charlemagne mort, ce marbre, ce fauve, foudroyé. Il aurait fallu être triste, mais impossible. Parce que certains arbres abattus ouvrent le ciel aux pousses qu’ils étouffaient jusque-là. »

 

« Le plumitif s’acquittait honnêtement de cette tâche, offrait à ses lecteurs les sujets qu’ils voulaient, présentés de la manière qu’ils désiraient. Car il avait le pouvoir de deviner les désirs de son lectorat et se faisait un devoir de ne pas le surprendre, ce qui aurait pu le réveiller. »

 

« Si je meurs demain, je mourrai pour le projet des vivants, sans rancune et sans compter. Si je ne meurs pas, alors je vivrai aussi pour eux. La vie est l’affaire des vivants. »

 

J’ai adoré le style, l’histoire ainsi que les quelques interventions de l’auteur qui nous parle de ses personnages et de ses interrogations par rapport à leurs futurs possibles, probables ou déjà pliés…

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