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31 août 2017 4 31 /08 /août /2017 16:23

 

Un roman prenant et néanmoins long à lire…

Un roman époustouflant et pourtant assez répétitif…

Un roman historique et tellement d'incohérences…

L'histoire est belle, l'Histoire est respectée, le rythme suit le cours du fleuve, le cours du journal, le cours de l'Histoire.

Un destin exceptionnel pour une squaw et un souvenir qui perdure dans le temps.

Une interrogation persiste quand même : peut-on arrêter l'avancée exploratrice ? peut-on préserver une culture ? peut-on marcher impunément sur les terres d'un Peuple en se les appropriant ?…

Bravo les hommes blancs, envoyés en amis par le Grand-Père Blanc de Washington pour que toutes les nations indiennes se tiennent la main, déposent les armes et vivent en paix jusqu'à la nuit des temps.

Bravo le Grand-Père Blanc de Washington pour avoir tenté de dompter à coup de perles, de médailles et de drapeaux le Peuple qui ne demandait rien ou alors juste de la nourriture pour survivre.

Bravo le Grand-Père Blanc qui a finalement gagné, réduit au silence l'ensemble du Peuple au profit d'une population qui ne respecte plus ni la terre ni les hommes...

 

« Tuer ou être tué, manger ou être mangé, telle était la loi à laquelle il se conformait. »

 

« Plantez une pensée, chantaient-ils, vous récolterez une action ; plantez une action, vous récolterez une habitude ; plantez une habitude, vous récolterez un trait de caractère ; plantez un trait de caractère, vous récolterez un destin. »

 

« Elle avait rejeté la tête en arrière, et s'arrachait les cheveux. Elle respirait par saccades et se remit à crier, cette fois en se griffant le visage. C'était un hurlement terrifiant, animal, volontaire, mince comme l'écorce du bouleau mais perçant et aussi haut perché que l'appel d'un sifflet d'os. »

 

« Quel genre d'homme les femmes nous fabriquent-elles aujourd'hui ? Plats comme du poisson mort, paresseux comme un chat bien nourri, pâles comme des os poussiéreux… Ce ne sont pas des hommes, ce sont des ombres. »

 

« Tout ce qui vit est rond. La tige des plantes, les arbres, le corps de l'homme, le soleil, la lune, le ciel et les tourbillons du vent. Le jour et la nuit décrivent un cercle dans le ciel. Les saisons se succèdent sur le cercle de la vie et la mort le referme. Le cercle est le symbole de la vie, du temps, de la terre. »

 

Un roman super bien documenté, les us et coutumes indiens sont particulièrement bien décrits de tribus en tribus et les avatars de l'expédition Lewis et Clark sont ici reproduits à l'identique des journaux retrouvés de l'aventure.

Il manque juste un chouïa de plume, de peps et d'humour pour en faire, pour moi, un vrai coup de cœur.

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28 août 2017 1 28 /08 /août /2017 15:25

 

Les illustrations de Sempé et la prose de Goscinny sont un mélange parfait pour nous replonger dans nos premières années d'école.

Que de bêtises et de punitions, que de cris à la récréation, que d'énergie dépensée en courses folles, que de grimaces cachées et de fous rires, ah oui, qu'il était bon le temps de la petite école.

Chaque chapitre est indépendant, chaque chapitre est une nouvelle historiette que l'adulte qui lit prend plaisir à savourer, que l'enfant qui commence à lire doit dévorer de plaisir.

J'avais oublié les facéties de l'école primaire, j'avais oublié les joies maternelles des goûters d'écoliers, j'avais oublié les pleurs et les genoux râpés, j'avais oublié les heures de colle et les aventures folles.

 

« Tout le monde criait, courait. On s'amusait vraiment bien, c'était formidable ! »

 

« Agnan avait l'air de se méfier du nouveau, comme il est le premier de la classe et le chouchou de la maîtresse, il a toujours peur des nouveaux, qui peuvent devenir premiers et chouchous. Avec nous, Agnan sait qu'il est tranquille. »

 

« Moi, j'aime pas les filles. C'est bête, ça ne sait pas jouer à autre chose qu'à la poupée et à la marchande et ça pleure tout le temps. »

 

« Les comiques, comme d'habitude, ça va être nous, les élèves. »

 

Un tout grand merci aux auteurs pour cette petite cure de jouvence <3

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28 août 2017 1 28 /08 /août /2017 14:50

 

Un roman écrit par un indien sur les indiens et surtout, sur son pays, ses coutumes et qui nous montre la face cachée des guides touristiques. Ça fait froid dans le dos.

Un roman sur la culture et son apprentissage, il y a d'un côté les bancs de l'école et de l'autre, les expériences de la rue. Et quand on naît orphelin, si on survit jusqu'à 18 ans, c'est certain, on ne sait pas tout et pourtant, on en sait déjà beaucoup.

Pas vraiment de la grande littérature et pourtant, on se laisse prendre facilement à cette plume limpide qui rythme son roman au gré des questions du grand jeu : « Qui veut gagner un milliard de roupies ? ».

En voilà une question perverse, tout le monde veut gagner un milliard de roupies, tout le monde veut être riche, et même si on est déjà riche, pourquoi pas plus riche encore… Et pour que le jeu aie un peu de piquant, pourquoi pas un jeune gars, juste majeur, l'âge légal donc pour participer, orphelin, pas trop patiné de blanc, qui va et vient entre adoptions fugaces, emplois furtifs et débrouillardises de rue.

Et pourtant, pour lui, l'argent n'est qu'un mal nécessaire pas un objectif en soi mais la vengeance, oui, la vengeance, est un plat qui se mange froid ;-)

 

« Voyez-vous, la chose la plus convoitée au monde, ce n'est pas le sexe. C'est l'argent. Et plus la somme est élevée, plus la convoitise est forte. »

 

« L'argent, pour moi, c'était comme le reste de ma vie – une chose dont on peut se passer. Ça va, ça vient. Pas étonnant que j'aie vite acquis auprès de mes voisins une réputation de bonne poire. »

 

« Et je me demande quel effet ça fait de n'avoir plus aucun désir pour les avoir tous assouvis, étouffés dans l’œuf avec de l'argent. Une existence sans désir est-elle si désirable que ça ? La pauvreté du désir vaut-elle mieux que la pauvreté tout court ? Je rumine ces questions, sans parvenir à une conclusion satisfaisante. »

 

J'ai beaucoup aimé, la gentillesse, la générosité, l'empathie du personnage principal qui vit et réagit avec son cœur et son intelligence drôlement acquise. Un roman amusant, triste, parfois burlesque qui m'a beaucoup ému et tellement horrifié que que je ne sais toujours pas si j'ai vraiment envie de faire un voyage en Inde.

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18 août 2017 5 18 /08 /août /2017 17:56

 

Un roman magnifique, une période désolante, une lecture qui prend aux tripes.

La guerre est toujours sale, celle de 14/18 a été répugnante.

Un ruban de désolation, d'abomination, de détermination, de trahison, de perdition et d'abandon va stagner pendant quatre longues années le long de nos frontières. Les soldats qui sont partis la fleur au fusil en pensant qu'ils seraient de retour quand elle aurait fané, ce sont retrouvés englués dans une boue sale de terre flétrie gorgée de sang, de pleurs, de peurs et de sueur.

Affamés, crevant de froid, ces jeunes gens sont morts par milliers, par dizaines de milliers, oubliés des quelques « grands hommes » preneurs de décision. Ils sont morts pour rien, Français, Belges, Allemands, Anglais, Américains,… ; ils sont morts pour la folie de quelques-uns. Ils sont morts pour la France, pour la patrie, pour la liberté et parfois pour l'exemple, tués non par des mains ennemies mais par celles des leurs, pour éviter l'épidémie… Épidémie de désertion, épidémie d'auto-mutilation, épidémie de folie douce,… Et ceux qui en ont réchappés, s'ils ont survécu au gaz moutarde et à l'épidémie de grippe espagnole, ont passé le reste de leur pauvre vie à se demander pourquoi une telle folie !

 

« J'attendrai, tant qu'il le faudra, que cette guerre, dans toutes les têtes, soit ce qu'elle a toujours été, la plus immonde, la plus cruelle, la plus inutile de toutes les conneries, que les drapeaux ne se dressent plus, en novembre, devant les monuments aux morts, que les pauvres couillons du front cessent de se rassembler, avec leurs putains de bérets sur la tête, un bras en moins ou une jambe, pour fêter quoi ? »

 

Oui, pour fêter quoi, une victoire d'enlisement, une défaite préparatoire, car oui, il faut le dire, ce ruban gluant, puant, immonde et mortel, on le retrouve après juste trois jours, au début de la guerre 40-45…

Et quand je pense qu'il y en a qui imaginent qu'une bonne petite guerre serait la solution à tous nos problèmes, plus de chômage, plus d'immigration, une économie qui repart,…, je les vomis et j'ai honte pour eux qui finalement n'ont connu que la belle vie, la vie facile…

Un roman magnifique, un amour sans faille, une lecture qui mouille les yeux.

 

« Lui, Ange, le pauvre barbot de Marseille, l'enfant perdu de la rue Loubon, même s'il était le plus taré des Peu-Ceu-Deu-Feus, il voyait bien qu'aucune offensive ne rimait à quoi ce soit, sinon avec contre offensive, histoire de saler la note, et il s'était enfin rendu à l'évidence, comme n'importe qui avant lui, que cette guerre ne finirait jamais, simplement parce que personne n'était plus capable de battre personne, sauf à jeter armes et canons à la première venue des décharges publiques pour régler ça au cure-dents. »

 

« On avait sûrement mieux à faire dans cette tranchée, les 6 et 7 janvier 1917, que de balancer des condamnés à mort par-dessus le parapet pour économiser des cartouches. »

 

« Cette guerre ne finira plus, les Allemands se font crever, les nôtres aussi. Il faut avoir vu les Anglais se battre pour comprendre ce que c'est, le courage. Leur courage ne suffit pas, et le nôtre non plus, et celui des Boches non plus. Nous sommes enterrés dans la boue. Cela ne finira jamais. »

 

« Il reposait près d'un mur d'enceinte, profitant de l'ombre, sans fleurs ni couronne, mort pour la même raison, l'obscénité d'une guerre qui n'en avait pas, sinon l'égoïsme, l'hypocrisie, et la vanité de quelques-uns. »

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18 août 2017 5 18 /08 /août /2017 16:27

 

Et je confirme, cette saga est bien une perle !

Comment je suis passée à côté pendant plus de trente ans, comment j'ai pu l'acheter sans jamais l'ouvrir, en la laissant juste s'endormir au milieu de mille autres romans, et bien, je ne sais pas…

Une merveille de sensations et de senteurs, des frissons d'amour et de haine, de larmes de joie et de peine.

L'auteur écrit avec son cœur et ça se sent, il écrit avec son amour de la terre provençale et ça se hume, il écrit avec sa passion des gens et ça explose en un feu d'artifice d'émotions.

Pour le deuxième tome de cette saga, il nous offre le champ de l'amour…

L'amour passion qui ne dure que peu de temps ; l'amour raison qui ne procure que de l'argent ; l'amour vengeance qui durcit les cœurs et les âmes ; l'amour infidèle qui libère les tares les plus folles ; l'amour paternel qui met parfois du temps à éclore ; l'amour canin qui toujours est fidèle, lui ; l'amour vrai qui dure et surmonte les trahisons, les désillusions, la maladie de vivre…

C'est un hymne à l'amour au cœur de la Provence au cœur d'une grande famille dispersée. C'est le roman d'une vie où jalousie, mépris et haine, les plaies que l'on rencontre si souvent, n'ont pas réussi à venir à bout du rythme synchrone de deux cœurs.

 

« Lancés droit l'un vers l'autre, semblables à ces deux étoiles qui feront la fin du monde avec leur chaleur et leur flamme et qui, depuis des trois mille ans, sont en course vers cette minute qui les consumera, ces regards de chair pleins d'âmes se sont touchés. Et accrochés l'un à l'autre, ils restent là comme deux bêtes amoureuses mortes dans leur passion. »

 

« C'est bien la première fois de toute notre vie qu'il me fait un baiser qui ne soit de bonjour ou d'adieu, un baiser exprès pour la tendresse. »

 

« Tu ne l'aimes pas toi, le pain que tu manges ? Et le vin que tu bois ? Et le sommeil qui te lève la fatigue ? Et l'air qui te coule dans les poumons. Olivier, c'est tout ça pour moi. »

 

« Faites poids et mesures, car comme vous mesurerez, il vous sera mesuré. »

 

« Les femmes, les bonnes femmes, c'est quelque chose, quand même ! C'est comme l'air qu'on respire, on y fait pas attention. Quand on l'a pas, cet air pour respirer, on meurt, mais quand on l'a, on en profite sans prendre garde que c'est ça qui vous fait vivre. »

 

Magnifique, les amis, le style, les mots et l'histoire… Je termine le challenge et je me lance dans la lecture des quatre derniers tomes ;-)

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18 août 2017 5 18 /08 /août /2017 16:13

 

Un roman magnifique, une plume colorée et bien documentée, des personnages historiques, cruels et fabuleux, une période de l'histoire riche en rebondissements et surtout, une situation géographique plutôt exotique.

En effet, l'Histoire se vit ici par les yeux de trois sultans successifs de l'empire Ottoman de la fin du XVIIIème siècle au début du XIXème. On y aborde sa décadence, ses défaites, ses conflits politiques internationaux et surtout internes et finalement, sa reconversion difficile en un pays plus moderne.

On découvre un monde raffiné et barbare à la fois où la soif du pouvoir mène jusqu'à la trahison, jusqu'à la mort.

On s'émerveille aussi de ce microcosme fabuleux et cruel qu'est le harem. Une ville prison dans le palais, une hiérarchie presque militaire, une bataille de tous les jours où parfois le gagnant est le poison, un domaine où l'amour a peu de place et où le pouvoir peut tout. Un dépaysement complet dans un milieu très caché, très discret où les plus immenses richesses côtoient les plus grandes solitudes.

 

« Euphémia David, la diablesse ! Au commencement de tout, elle connaissait déjà la fin dernière et sa langue endiablée, plus longue que l'avenir, savait mieux qu'aucune autre épeler la dictée du Destin. »

 

« Les obstacles étaient légions. Il y avait les Janissaires, l'élite si férocement conservatrice de l'armée, trop jalouse de ses privilèges pour ne pas s'opposer aux réformes par tous les moyens, surtout les pires. Il y avait les oulemas, les religieux, obtus et intransigeants, accrochés à un fanatisme qui servait leur suprématie. Il y avait les notables de province, hostiles à tout changement de peur d'y perdre leurs intérêts et de voir mettre fin à leurs exactions. Il y avait les partis de la Cour, occupés à s'entre-déchirer à coup d'intrigues pour obtenir le pouvoir. »

 

« Les ardents révolutionnaires d'hier, aujourd'hui empanachés, bourgeonnant de titres récents et de décorations, paradaient avec les aristocrates d'avant-hier qu'ils avaient voulu guillotiner et les prélats qu'ils avaient voulu étriper. »

 

« Tant d'hommes veulent le pouvoir, tant d'hommes tuent et s'entre-tuent pour l'obtenir. Si seulement ils savaient ce que crée le pouvoir, cette responsabilité, ce fardeau de tous les instants. »

 

Le seul bémol pour moi est l'identité, voulue par l'auteur, du personnage principal, à savoir la sultane validé Nakshidil. L'auteur considère qu'il s'agit d'Aimée Dubuc de Riverie, cousine de Joséphine de Beauharnais, future épouse de Napoléon. Il en fait un personnage où l'amour est le principal ressort. Ainsi, la découverte de l'amour avec le sultan vieillissant Abdoul Hamid Ier, l'amour fou, passionné et exclusif pour le sultan Sélim et finalement l'amour maternel inconditionnel pour le sultan Mahmout II. Une belle histoire, un beau mythe aussi…

Après quelques recherches sur internet, j'ai découvert les « Lettres du Bosphore » écrites par la Comtesse de la Ferté-Meun durant son séjour oriental et publiées à Paris en 1820. Cette femme d'ambassadeur était présente en 1817 à Constantinople et a assisté à l'enterrement de la sultane Validé Nakshidil et voici ce qu'elle en dit :

« On dit que la sultane défunte était Française, d'origine américaine, et qu'elle était née à Nantes : on ajoute qu'à peine âgée de deux ans, ses parents s'embarquèrent avec elle pour l'Amérique, et qu'ils furent pris par un corsaire, qui les conduisit à Alger, où ils périrent. La petite fille fut achetée par un marchand d'esclaves, qui jugea, par sa beauté dans un âge si tendre, qu'elle pourrait un jour le dédommager amplement des soins qu'il lui prodiguerait... »

Voilà qui est bien embêtant pour l'hypothèse d'Aimée Dubuc qui a encore été vue à Paris, âgée de 15 ans, lors de sa présentation à la Reine Marie-Antoinette peu de temps avant la révolution française…

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3 août 2017 4 03 /08 /août /2017 16:07

 

Wouah, un vrai coup de cœur !

Magnifiquement bien écrit, une histoire qui sent le vécu, un monde merveilleux de rochers et de glace, aussi beau que monstrueux.

Une vie à part que celle de guide ; la montagne, c'est comme la mer, ça vous prend aux tripes et ça ne vous lâche plus.

Une force de caractère qui imprime aussi bien les hommes qui montent que les femmes qui restent ; une sensation de pure liberté qui enivre et fait voler les crampons ; une griserie vertigineuse qui progresse à coup de pitons et de rappels ; une responsabilité énorme sur les épaules les jours de grandes courses ; une immense détresse quand l'inacceptable arrive quand la montagne prend son écot sur ces minuscules humains si impétueux ; une vie dure et magique, pleine de grâce et de beauté, d'amitié et de respect, d'amour et de confiance.

Chamonix, ce n'est pas juste la découverte de nouveaux chemins dans les ravines, les montagnes, les cheminées, les glaciers, c'est aussi la vallée, pleine de touristes en quête d'air pur et de calme, en recherche de sensations fortes et excitantes, et c'est aussi les alpages et la transhumance, cette promenade carillonnante des troupeaux vers de verts et gras pâturages.

Chamonix, une destination de vacances où l'on oublie que les premiers chemins ont été tracés par des hommes du cru, vaillants et courageux, au péril de leur vie avec un équipement des plus rudimentaires, cordes, pitons et piolets, chaussettes de laine, mitaines et chandails.

 

« Le drame était sur la montagne, mais, impavide et souveraine, elle montait la garde sur les vallées d'alentour, insensible aux pensées des hommes qui gîtaient dans ses flancs, frileusement pelotonnés dans leurs cabanes de pierre. »

 

« Tu leur feras la fondue, la bonne polente aux oignons, le farcement aux pruneaux, les potées, le boudin aux pommes, l'omelette aux champignons. Les filles iront te chercher dans les bois Prin les chanterelles, les trompettes de mort, les morilles, et les gros bolets dans les pierriers, tu verras ! Je te dis que c'est ça qu'ils veulent manger, les monchus, et non ces sauces et ces viandes ratatinées qu'on leur sert sur des plats d'argent. T'inquiète pas, femme, tu es capable ! Pour ça oui ! Fais-les manger aussi bien que tu nous fais la soupe et ils seront contents. »

 

« Un sourire très doux se marque sur ses lèvres et l'espoir est revenu en elle, car rien n'est plus doux pour une jeune fille que de conspirer pour le bien de celui qu'elle aime. »

 

« Il fallait voir avec quels soins minutieux la préparait le petit Boule qui, pour une fois, saisi par la gravité de l'heure, ne riait plus. Ayant pesé un gros morceau de vrai gruyère d'alpage, il le découpa en fines lamelles dans un caquelon frotté à l'ail ; il arrosa le tout de vin blanc et se mit à diluer fromage et vin sur un feu vif jusqu'à ce que cela ne formât plus qu'une crème onctueuse et parfumée, qui bouillonnait doucement. Il y jeta deux verres de kirsch et continua à brasser. Pierre, étant venu l'aider, allumait un réchaud de table sur la table de cuisine, puis tous vinrent s'attabler autour du caquelon de terre où mijotait la fondue. »

 

Chamonix enfin, que de souvenirs, sa mer de glace, ses moraines et son sentier cristallin, juste un retour en arrière le temps d'un voyage d'études.

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31 juillet 2017 1 31 /07 /juillet /2017 13:18

 

Une critique difficile à faire…

J'ai lu le roman il y a 40 ans, émerveillée, les yeux pleins d'étoiles, c'était merveilleux…

Je viens de le relire, l'attente des merveilles bien présente et aussi les yeux bien ouverts…

Où est-il le monde utopique, où est-elle la société si unie et heureuse, sûrement pas dans le passé et clairement pas dans le présent !

Eh oui, vous avez bien lu, la vie dorée d'Eléa et Païkan n'est qu'un leurre ; le travail juste un jeu, la nourriture du rien à base de rien, la vie de famille inexistante, les pauvres bien grisés, les étudiants bons à massacrer, reste l'amour déterminé par ordinateur qui n'est qu'une succession de coïts sublimés. Waouh, quelle vie magnifique, quel passé à recréer…

Et je ne parle même pas des incohérences scientifiques de cette utopie éblouissante.

Reste le présent, qui est toujours notre présent, qui nous jette à la figure cette main-mise des « marchands » sur les politiques, cette pression des « politiques » sur les militaires, cet emprise des religieux sur le peuple aveuglé, ce peuple lobotomisé qui marche comme un seul homme et finalement, cette société qui roule sur sa tête !

Une plume magistrale, un roman d'amour déplorable qui se résume en quelques phrases (je suis à toi, tu es à moi, je suis toi, tu es moi, nous sommes un, c'est presque de la religion!), pas vraiment de la science-fiction plutôt de la fantaisie pseudo réaliste, un peu déçue par cette relecture dont j'attendais beaucoup.

 

« Sous cette brume empoisonnée par leurs fatigues d'hier, des millions d'hommes s'éveillent, déjà exténués d'aujourd'hui. »

 

« C'est prodigieux ce que le pouls peut apprendre sur l'intérieur d'un homme. Non seulement sur l'état momentané de sa santé, mais sur ses tendances habituelles, son tempérament, et même sur son caractère, selon qu'il est superficiel ou enfoncé, agressif ou introuvable, unique ou doublé, étalé ou pointu, soyeux ou râpeux, selon qu'il passe tout droit ou qu'il fait le dos rond. Il y a le pouls du bien-portant et celui du malade, il y a aussi le pouls du sanglier et celui du lapin. »

 

« Ils avaient honte. Honte de leur pudeur et honte de leur honte. La merveilleuse, la totale innocence d'Eléa leur montrait à quel point la civilisation chrétienne avait – depuis saint Paul et non depuis le Christ – perverti en les condamnant les joies les plus belles que Dieu ait données à l'homme. »

 

« Elle est belle, c'est certain, mais devant le cerveau de ce type, elle ne fait pas le poids. »

 

« La nuit des temps », c'est un peu l'histoire de l'Homme et là encore, Barjavel donne le ton juste :

 

« Et voilà ! Ils sont nous ! Ils ont repeuplé le monde, et ils sont aussi cons qu'avant, et prêts à faire de nouveau sauter la baraque. C'est pas beau, ça ? C'est l'homme. »

 

Pas la plus belle histoire d'amour de la SF, un roman magnifiquement écrit sur la connerie humaine...

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29 juillet 2017 6 29 /07 /juillet /2017 19:24

 

Au temps de l'Empereur Charles le Grand,

Une histoire : intrigues et rebondissements.

Deux domaines, deux familles, égales en dignité,

Un Comte surveille, avide et sans fierté.

Une mission impériale, arrivent les missi

Avec Rebelle, Goupil et Pansu, les investis.

Les meurtres commencent, les langues s'agitent,

Le peuple regarde et les nobles enragent.

La haine monte, cran par cran, et finit par exploser

L'amour se confirme et dans le sang, va s'expliquer.

 

Et le fou se retrouve devant la Cour Impériale,

Et les amants sont honorés d'un mariage royal.

 

 

« Tandis que, là-bas, nous avons pu apercevoir des fissures dans la splendeur, ici, je distingue de la vigueur dans notre austérité. »

 

« Les chiens que tu as lâchés, tu croyais qu'ils obéiraient toujours à ta voix. Mais ils sont là, sous tes yeux. Ils grondent et montrent les crocs, prêts à tout mordre… y compris toi-même. On ne déclenche pas impunément la sédition contre l'autorité. »

 

« Le hasard est le meilleur ami des enquêteurs… Encore faut-il qu'ils sachent le servir et s'en servir. »

 

J'ai adoré le style même si parfois il semble un peu rigide ; les personnages, bien campés et plein d'humour ; le cadre, tellement beau le pays d'Auxerre ; l'intrigue, pas si simple que cela et menée d'une main de maître par une équipe de choc.

Trop envie de découvrir les autres aventures des missi dominici et leurs trois compagnons au temps de Charlemagne, période de renaissance il faut quand même le dire !

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26 juillet 2017 3 26 /07 /juillet /2017 10:31

 

C'est cru, c'est vrai, c'est bouleversant aussi...

Tout est dit sans fioritures, sans délicatesse littéraire et ça marque !

Un livre court, vibrant de sexe et de haine, dégueulant d'alcool et de stupre, assourdissant de bruits et de blues, dégoûtant de dépravation et de racisme, dégoulinant de désir et de sang.

Une vision de l'Amérique qui ne la grandit pas, qui la plonge dans une mer de boue immonde et surtout sa jeunesse dorée si peu suivie, si peu cultivée.

C'est le roman de la vengeance ultime, la plus sale, la plus dégradante et qui se termine dans la mort crasse qui se passe de justice, cette belle justice bien blanche.

 

« Si vous n'avez jamais bu de bourbon glacé avec une paille, vous ne pouvez pas savoir l'effet que cela produit. C'est comme un jet de feu qui vous arrive sur le palais. Du feu doux, c'est terrible. »

 

Un auteur dont j'ai beaucoup entendu parler, un auteur sulfureux du siècle passé dont la prose n'a clairement pas vieilli, un auteur enfin que je n'avais jamais lu. Voilà qui est fait et je ne le regrette pas :-)

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