Waouh !
Je me demande pourquoi j’ai attendu aussi longtemps avant de lire ce roman. Sûrement ma peur de lire du Stephen King, le maître de l’horreur. Et l’horreur, c’est vraiment pas ma tasse de thé en littérature… J’avais juste oublié qu’il était aussi le maître du fantastique et avec ce roman en particulier, le fantastique sonne si juste qu’il en devient bouleversant.
Et j’ai été bouleversée par la profonde humanité qui règne dans ce couloir de la mort pourtant tellement sinistre. Une ligne verte si lumineuse parfois qu’on en oublie sa finalité et c’est là que réside le talent de l’auteur qui nous décrit si bien le mal et d’une manière éblouissante le bien qui est parfois profondément caché dans les âmes les plus noires.
C’est un roman qui parle de la mort et qui pourtant déborde de vie ; c’est un roman qui parle de haine et de cruauté et qui nous éclabousse d’empathie, de tendresse et d’amour ; c’est un roman plaidoyer contre cette peine de mort si atroce avec cette chaise électrique d’une barbarie incroyable. Les personnages sont magnifiques dans leurs grandeurs et leurs faiblesses et chacun a un rôle à jouer dans cette description bien ciblée de notre société et de l’humanité omniprésente en chacun d’entre nous.
« D’une certaine façon, c’est ça, le pire : la chaise ne brûle jamais ce qu’il y a en eux, et les drogues qu’ils leur injectent aujourd’hui n’ont pas résolu le problème. Ça reste et ça se transmet à quelqu’un d’autre, ne nous laissant que des enveloppes à tuer, des enveloppes qui ne sont même plus réellement habitées par la vie. »
« Le pianiste parti, il n’y a pas un seul piano au monde qui se souvienne du récital donné. »
« Plus tard, sur le chemin du retour, j’ai réalisé qu’ils n’étaient nullement semblables. Ce qui leur donnait cette apparente similitude était le malheur qui les avait frappés et le chagrin qui ne partirait plus. C’est étrange comme la douleur marque nos visages et donne aux souffrants un air de famille. »
« Certes, quand ils débarquent, ils ont la vue plutôt basse, la canne soudée à la paume, la vessie pas vraiment étanche. Mais à part ça, ils sont encore d’équerre. Et puis, il leur arrive quelque chose. Un mois plus tard, ils sont assis devant la télé, l’œil sans vie, la mâchoire pendante, un verre de jus d’orange oublié dans une main qui fait le shaker. Le deuxième mois, il faut leur rappeler les noms de leurs enfants venus leur faire coucou. Le troisième, c’est leur propre nom qu’ils ont oublié. Oui, il leur arrive quelque chose : ils se sont mis sans le savoir à l’heure de Georgia Pines, une heure qui agit comme un acide doux, qui leur ronge d’abord la mémoire, et après le désir de vivre. »
J’ai adoré ! Un roman à lire absolument, un roman qui m’a ouvert les portes des Stephen King :-)